Monsieur le Premier ministre,
La République française est l'héritière de valeurs universelles dont nous sommes tous les représentants, que nous soyons élus ou membres du gouvernement, et dont nous sommes porteurs devant les citoyens.
Au premier rang de ces valeurs de notre République figure l'unité de « ces peuples qu'étreignent, au cours de l'Histoire, les épreuves les plus diverses, mais que la nature des choses, utilisée par la politique, pétrit sans cesse en une seule nation ».
Cette vision de la France, toujours d'actualité, était celle du Général de Gaulle. Il ne me semble pas conforme à cet idéal de déclarer: « Les Français veulent que la France reste la France ». Ni d'affirmer: « A force d'immigration incontrôlée, les Français ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux ». Ni d'ajouter: « Je pense que c'est ce que les Français pensent ». Ni d'assimiler à une guerre de l'Occident chrétien contre l'islam, en la nommant « croisade », l'intervention militaire en Libye.
Ces déclarations de M. Guéant sont un outrage à la République et une injure aux Français.
C'est pourquoi, monsieur le Premier ministre, je fais appel à votre sens de l'Etat, en vous demandant de rappeler à votre ministre de l'Intérieur qu'il n'a pas le droit de piétiner les valeurs de la République mais le devoir de les respecter et de les servir, et en exigeant sa démission immédiate de ses fonctions.
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Premier ministre, l'expression de mes respectueuses salutations.
Bernard Roman