Nos universités et nos organismes de recherche sont
aujourd’hui privés d’avenir. Les réformes engagées ces dernières années détruisent les fondements de ces institutions, comme par exemple leur fonctionnement collégial et la nécessité de leur
coopération, et limitent leur financement, au point de supprimer en 2009 un millier d’emploi dans ce secteur qui devrait au contraire se développer.
La loi Libertés et Responsabilités des Universités, en particulier, non seulement ne répond pas aux problèmes des universités, mais en crée de nouveaux, comme en attestent les mouvements en
cours. Les groupes parlementaires de nos partis avaient voté contre cette loi en 2007, et leurs arguments se trouvent malheureusement confortés aujourd’hui.
Il revient au gouvernement responsable de cette situation de faire les gestes qui s’imposent : il s’agit de retirer les projets de textes à l’origine du conflit, que ce soit sur le statut
des enseignants-chercheurs, la formation des enseignants, le nouveau contrat doctoral ou les organismes de recherche ; d’ouvrir des négociations véritables avec les principaux acteurs pour
en écrire d’autres, et de rétablir les emplois supprimés dès aujourd’hui. Outre ces gestes immédiats, la mise en place d’un plan pluriannuel de l’emploi scientifique est une mesure nécessaire et
un signal important envers les jeunes générations.
Malgré le rejet très majoritaire que ses projets suscitent, le gouvernement persiste dans l’entêtement et la manœuvre. Le mouvement vient de le contraindre à de premiers mais très
insuffisants reculs.
Il incombe donc désormais aux partis politiques de gauche de prendre leurs responsabilités et de construire les conditions d’une sortie par le haut. Personne ne souhaite revenir à la situation
antérieure ; depuis plusieurs années, la communauté scientifique et universitaire a, de façon très responsable, fait de nombreuses propositions de réforme, systématiquement rejetées par le
gouvernement. Il est urgent, aujourd’hui, de leur donner un débouché politique.
Alors que trois députés UMP ont pensé qu’une consultation de la communauté universitaire pouvait se faire en une semaine, et que la médiation proposée par Valérie Pécresse permettrait de sortir
de l’impasse, sans même observer que les principales organisations mobilisées refusent d’y participer, nous travaillons à une initiative véritablement ambitieuse, pouvant déboucher sur un plan en
faveur de l’université et de la recherche qui pourra le moment venu être décliné en propositions de loi et en mesures gouvernementales. Une demande de mission parlementaire, regroupant
la majorité et l’opposition, a été adressée au Président de l’Assemblée Nationale : elle a été rejetée. Qu’à cela ne tienne, nous organiserons nous-mêmes les consultations qu’elle appelait !
A cet effet, nous lancerons dans les prochains jours une véritable consultation des acteurs concernés: étudiants, personnels, citoyens. Cette consultation sera publique, passera par des auditions
filmées. Dans un premier temps, nous définirons les grandes orientations d’une politique progressiste de l’enseignement supérieur et de la recherche. Car prétendre réformer les modalités de
fonctionnement, comme le fait la loi LRU avec la gouvernance des universités, sans fixer l’orientation générale, n’est pas honnête. Dans un second temps, nous déclinerons en propositions
concrètes ces grandes orientations.
Certes, ce processus ne sera pas fini en quelques jours. Mais il faut du temps pour élaborer une bonne réforme. Nous refusons la logique politique de Nicolas Sarkozy, consistant à toujours aller
trop vite, en croyant qu’en zappant d’un sujet à l’autre on oublierait qu’il ne résout rien ; pire, qu’il aggrave la situation. Notre démarche politique est fondée sur le respect de nos
interlocuteurs. La rigueur et la collégialité ne
sont peut-être pas aussi séduisantes que la gesticulation médiatique, mais la science nous a montré que c’étaient les seules voies d’une démarche sérieuse.
Bertrand MONTHUBERT, Secrétaire national du PS à l’enseignement supérieur et la recherche
Laurent AUDOUIN, responsable de la commission recherche et enseignement supérieur des Verts,
Olivier GEBUHRER, membre du Conseil national du PCF