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Le blog de JEROME Dehaynin

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Réactions et informations sur l'actualité politique de la ville de Wasquehal, du canton, du département et de la région ainsi que de la politique nationale


Domanick Murugan : « Je ne suis pas stupide, jamais je n'aurais acheté cette maudite pierre ! »

Publié par jérôme dehaynin sur 16 Août 2009, 05:26am

Catégories : #Région N-PdC

vTous les vendredis, Martine Muragan parle à son mari, emprisonné en Turquie. PHOTO LA VOIX.endredi 14.08.2009, 12:05 - La Voix du Nord
 Tous les vendredis, Martine Muragan parle à son mari, emprisonné en Turquie. PHOTO LA VOIX.
| BETHUNE |

On est vendredi matin et comme toutes les semaines, Martine Murugan sacrifie à un nouveau rituel. Un peu avant 9 h 30, elle lâche tout, garde son téléphone portable à portée de main et attend qu'il sonne. Au bout du fil, elle entendra la voix de Domanick, son mari détenu depuis le 2 mai en Turquie, poursuivi pour avoir acheté sur un marché d'Antalaya une pierre qualifiée de «pièce historique» par les autorités.

Soudain, une sonnerie la fait sursauter. Fausse alerte. Un message. « C'est l'anniversaire d'Albert... » Soupçon de détente pour elle et ses proches serrés autour d'elle : la soeur de Domanick, ses beaux-frères, ses enfants... 10 h 15, c'est la fin des coups d'oeil anxieux à la montre : le téléphone resonne, l'appel tant espéré arrive.

Martine Muragan a la voix qui tremble mais au fond, elle est rassurée : entendre sa voix, c'est savoir qu'il va bien. Aujourd'hui, elle trouve que Domanick a le ton plus battant que les dernières fois. Optimiste pour deux, malgré « la peur du 27 ». Le 27 août, c'est la date du procès où ce Chocquois (près de Béthune) de 40 ans, devra répondre des accusations portées contre lui.

Trafiquant d'antiquités, lui ? Il le répète : « Je ne suis pas stupide, si j'avais su, jamais je n'aurais acheté cette maudite pierre !  » Selon ses proches, l'enquête n'a pas cherché à établir la responsabilité du vendeur, un « marchand ambulant ». « Il y avait 2 ou 3 autres pièces semblables. On était en quartier libre, tout ce que le guide nous a dit, c'est de marchander ! Nulle part on n'a vu affichées de mises en garde contre le trafic. On n'en trouve que sur internet mais on n'avait pas regardé avant de partir en vacances ! », s'indigne Martine.

Dans sa prison réservée aux étrangers, Domanick raconte qu'il côtoie « des tueurs, des violeurs... C'est horrible. Le directeur de la prison lui-même ne comprend pas pourquoi je suis encore ici ! » Pour autant, il n'a toujours « aucune certitude » quant à la suite des événements. Son avocat, qui sert aussi de facteur pour les mails entre Martine et Domanick, serait en vacances. Il ne l'a pas vu cette semaine et c'est peu dire que ça agace son épouse.

«  Je n'ai pas non plus de contacts avec l'ambassade », poursuit-il. Dans sa cellule, il ne sait rien. « Où en est l'expertise de la pierre ? » Martine n'a rien à lui répondre : elle attend qu'on lui en communique les résultats depuis près d'une semaine. Ca ne vient pas. « Mais Interpol n'a rien ! », le rassure-t-elle. « Et s'il était recherché, il n'aurait même pas pu franchir les douanes en France ! »
Domanick Muragan parle d'une seule voix avec son épouse : « Rien ne bouge. Il faut faire pression avec le gouvernement. Au nom des droits de l'homme. Il faut intervenir, on ne peut pas faire ça à une famille ! » La famille, justement...

Le temps court et au bout de dix minutes à peine, la communication sera coupée. Alors Martine appelle Enzo, le cadet de 5 ans, pour qu'il dise bonjour à son papa. Ça lui fait du bien, lui dont le comportement a tellement changé qu'il doit être suivi par un psychologue. Le gamin accourt, saisit le téléphone. « Papa, je t'aime  » mais c'est trop dur et il se met à pleurer. Domanick Murugan le rattrape au vol : « Il ne faut pas pleurer, papa va rentrer bientôt. On jouera au ballon, d'accord ? » Ça n'éponge pas les larmes du bambin.

Le portable passe de main en main. Soeur, beau-frère... « On va faire tout ce qu'on peut ! », « Je vous embrasse très fort ! », « Tiens le coup ! », « Veille bien sur ta soeur ! ». Martine fond aussi sec en larmes mais un "bip" vient couper net la conversation. C'est fini jusqu'à la semaine prochaine.

« On ne peut rien faire parce qu'il est Mauricien... »

D'ici là, les résultats de l'expertise seront peut-être tombés. Peut-être aussi que l'Elysée se sera remanifestée. Sans doute que le nombre de signatures aura grossi sur la pétition qui circule sur le Net (717 à ce jour). Vendredi dernier, Martine s'est payé le culot d'appeler directement là-bas. Elle a ensuite reçu un courrier d'un chef de cabinet, qui promet que l'information est transmise au ministère des Affaires étrangères. Où on lui a déjà répondu par téléphone « qu'on ne pouvait rien faire parce qu'il est Mauricien... » Elle a rétorqué qu'il vit en France depuis 36 ans, qu'en tant que négociant automobile, « il paie ses impôts à la France. C'est par choix , dit-elle, qu'il n'a jamais demandé la nationalité française, à la différence de sa soeur. Mais il m'a dit que c'est la première chose qu'il fera en rentrant ! »

Le 27 août, Martine ne prendra pas l'avion pour assister au procès. « L'ambassade le déconseille. » Les enfants seront tout prêts de la rentrée et il faudra bien aussi penser à des choses terre à terre. « Domanick, lui, voudrait pouvoir dormir et ne se réveiller que le jour du procès... » Et après ? Il se dit qu'il va sortir, « que ça ne peut pas être autrement. » Mais aux yeux de la justice turque, il encourt de 5 à 10 ans.

Martine rappelle « qu'un Espagnol, arrêté pour les mêmes faits, s'est trouvé en cellule avec mon mari. Arrêté le 1er mai, il est passé en audience le 9 juin et a été libéré, sur intervention de son gouvernement. »
Sur la table de la salle à manger, Martine étale des photos prises en Turquie « par un photographe. Elles ont été tirées sur place. Les nôtres, je n'ai pas encore pu... » Un couple souriant, qui passait « ses premières vacances à l'étranger avec les enfants... »

ISABELLE MASTIN

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