Le Mouvement des jeunes socialistes,
directement lié au PS, a décidé de placer sous tutelle sa section du Pas-de-Calais. Une décision qui ressemble fort à une punition...
CÉLINE DEBETTE ET GAËLLE CARON - artois@nordeclair.fr
« C'est le MJS national qui m'a informée par téléphone mais je n'ai pas encore la notification écrite » , indiquait hier soir Anne-Sophie Taszarek, qui n'est peut-être plus pour
longtemps la présidente des jeunes socialistes du Pas-de-Calais. En effet, l'information qu'elle évoque n'est rien d'autre que la mise sous tutelle de son mouvement, qui s'apparente plutôt à une
mise sous influence. « On va me remplacer par un militant plus en adéquation avec les orientations du PS du Pas-de-Calais », résume Anne-Sophie Taszarek, nommée en janvier dernier à la
tête du MJS 62, le deuxième de France après celui de la région parisienne.
Pierre Ferrari dans la ligne de mire ?
Les raisons de ce désaveu national sont encore floues, mais au lendemain de l'élection municipale d'Hénin-Beaumont, on ne peut s'empêcher de penser qu'elles sont directement liées au comportement
de Pierre Ferrari. Le responsable de la section locale a en effet décidé de présenter sa propre liste contre l'avis de la fédération PS du Pas-de-Calais, qui avait choisi un autre candidat pour
porter ses idées. Et ce n'était pas la première fois que le jeune militant frondait sa maison-mère. Après l'élection de mars 2008, il lui avait ouvertement reproché de soutenir Gérard
Dalongeville, dont la gestion du portefeuille de la ville laissait pourtant déjà à désirer. Démis de sa fonction d'adjoint, Pierre Ferrari avait alors fait de l'opposition au maire socialiste son
cheval de bataille.
« Si c'est cela, ça voudrait dire que le PS n'a rien compris et n'a tiré aucun enseignement de ce qu'il s'est passé à Hénin. Je ne peux pas croire qu'il se venge de moi en s'en prenant aux
jeunes socialistes du Pas-de-Calais, en sacrifiant l'espoir que nous portons. Ce serait inadmissible. Je ne l'accepterais pas », commente l'insoumis, qui attend lui aussi une confirmation
écrite de la mise sous tutelle avant de monter davantage au créneau.
« Ce n'est pas encore très clair, mais je pense qu'il s'agit de représailles envers Pierre pour sa campagne municipale et puis son échec. Le MJS 62 ne cherche pas les sièges, mais la vérité,
alors évidemment ça dérange », analyse Anne-Sophie Taszarek, soupçonnant le MJS national d'avoir pris sa décision sous la pression de la toute puissante fédération socialiste du
Pas-de-Calais et de sa première secrétaire Catherine Génisson.
La patronne du PS du Pas-de-Calais
« juste informée » « La mise sous tutelle émane de la fédération du MJS. C'est à ses responsables qu'il faut en demander les raisons. Je ne suis absolument pas intervenue. J'en ai
juste été informée. De toute façon, ce sont des délibérations internes et je trouve dommage qu'elles soient mises sur la place publique » , se contente de dire la patronne des socialistes du
Pas-de-Calais, qui a plaidé pour le désistement de Pierre Ferrari au soir du premier tour de l'élection municipale à Hénin et apporté son soutien à la liste de Daniel Duquenne. Ce dernier
confirme : « Catherine Génisson m'a félicité pour mon succès. Elle est reconnaissante de ma décision d'avoir mené une liste indépendante. » Les jeunes socialistes du bassin minier, très
soudés et connus pour ne pas se laisser marcher sur les pieds, attendent le courrier officiel leur signifiant la mise sous tutelle de leur mouvement. Si leurs présomptions « des
représailles » venaient à se vérifier, ils laissent entendre qu'ils n'hésiteraient pas à mettre un coup de pied dans la fourmilière de la fédération PS du Pas-de-Calais et à vider leur
sac...